LES DEPLACEMENTS

Etude des déplacements en Karaté

Les principes d'action des déplacements peuvent se concevoir de 2 manières :

  • Par déséquilibre
  • par transfert des masses

La mise en oeuvre de ces 2 principes est liée directement à la vitesse d'éxcution et l'équilibration (l'ensemble des équilibre et déséquilibre mis en jeu pour se déplacer). Son objectif est la gestion de la distance d'opposition.

L'étude des déplacements est vaste et reste un sujet d'étude quelque soit le niveau du pratiquant. Mais avant de développer une approche qualitative des techniques de percussion selon le déplacement par exemple, il est important de mettre en évidence une définition plus précise du terme.

On admettra qu'en karaté, la notion de déplacement est une composante spatiale du rapport d'opposition visant à performer les techniques employées dans l'environnement tactique.

  • Le déplacement peut être un élément constitutif de la technique (mais rien n'empêche de faire une technique sur place > de type enchaînement par exemple)
  • Travailler sur une technique, c'est aussi travailler sur ses déplacements (les esquives entre autres).
  • Se déplacer, c'est passer d'un état initial à un état final (voir article sur la technique) : d'une position à une autre, de bases ou pas, etc...

En conséquence, étudier les déplacements, c'est étudier beaucoup de choses :

  • c'est fabriquer les élèments de liaison d'une position à une autre > Mise en évidence du chemin moteur des membres.
  • c'est apprendre à gérer la distance selon son statut : attaquant - défenseur
  • c'est apprendre à enchaîner (déplacement long)
  • c'est évaluer l'écart des distances entre une technique de poing et une technique de pied (ceci est un objectif pédagogique par exemple)
  • calculer la coïncidence : cible/technique (du fait que la cible n'est pas forcément immobile. On dit dans ce cas que l'action est télécynétique)
  • construire le meilleur compromis entre distance/précision/vitesse/respect des critères de réalisation technique
  • etc...

Les sujets d'études et de perfectionnement sont nombreux - les choix didactiques doivent surtout et d'abord prendre en considération les caractéristiques des élèves - Débutant ou non ; enfant, ados ou adultes.

Par exemple avec un groupe d'adulte, j'enterais plus facilement dans l'activité de recherche par le développement du thème : "fabriquer les élèments de liaison d'une position à une autre" alors qu'avec des enfants, ce serait plus : "évaluer l'écart des distances entre une technique de poing et une technique de pied", parce que l'onjectif fait plus appel à une activité situationnelle que je peux facilement mettre en place de façon ludique.

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Etude didactique

Enchaînements et enseignement :

  • Sur le plan de la coordination motrice : Réaliser une simple technique est déjà le résultat d'un enchaînement d'éléments coordonnés dans le temps et l'espace - L'enchaînement de plusieurs techniques défensives, offensives ou des 2 est une tâche complexe. La qualité de coordination est une composante fondamentale des enchaînements.
  • Sur le plan de l'apprentissage : les enchaînements sont des ensembles d'actions ayant un but précis. D'un point de vue des méthodes globales, ils sont des outils d'apprentissage des techniques qui les composent alors qu'ils sont le résultat d'un assemblage de techniques acquises indépendement selon la méthode traditionnelle. Les intentions de l'enseignant ne sont donc pas forcément les mêmes lorsqu'il aborde l'enseignement des enchaînements.
    • A ce sujet, les enseignants justifient souvent l'emploie des kata pour renforcer ou favoriser l'apprentissage des techniques qui les composent (le kata de base = outil d'apprentissage technique). De ce point de vue ils s'appuient sans le savoir sur le principe des méthodes globales. Cependant, les Bunkaï sont traditionnellement enseignés après le kata, or ceci est illogique du point vue de l'apprentissage global puisque le Bunkaï est l'étude de la structure technico-tactique du kata (Il donne un sens aux techniques). Alors que les moyens employés par l'enseignant pour enseigner les kata s'appuient au départ sur un raisonnement logique : l'enchaînement comme outil d'apprentissage des techniques, le kata finit par être perçu par l'élève comme un enchaînement plus ou moins continue de techniques sans signification. Pourtant, grâce à l'enseignement préalable des bunkaï, le kata deviend un assemblage de tactiques élémentaires. En résumé : afin de parfaire à cette brève introduction dans les méthodes globales, les enseignants gagnerait à enseigner les bunkaï avant les kata auxquels ils font référence.
  • Sur le plan moteur : Les enchaînements sont des assemblages complexes d'éléments techniques en relation aux aptitudes physiques du sujet. La souplesse, la vitesse d'exécution, l'équilibre, la puissance, l'endurance, etc... sont autant de facteurs limitants le sujet dans sa capacité physique à produire des enchaînements.
  • Sur le plan technico-tactique : Les enchaînements sont des ensembles de techniques simples ou complexes qui répondent à un impératif : l'efficacité. Imposée dans le kata, libre dans le combat, les enchaînements sont des outils venant compléter la game stratégique du combattant. Que l'on emploie le KYHON pour un affinement postural, le kATA pour une mise en évidence des schémas tactiques, les assauts conventionnels pour une mise à l'épreuve progressive ou le Jyu Kumité pour une évaluation du potentiel du combattant, les enchaînements sont des algorythmes techniques palliatif au SEN NO SEN.

    Sur le plan offensive, les enchaînements englobent aussi :

    • les feintes
    • et les confusions (structure à priori non organisée qui a pour objectif de masquer dans la masse d'informations les réelles intentions de l'attaquant).
  • Sur le plan bio-informationnel : Les enchaînements de défenses et d'attaques s'appuient aussi sur les capacités intellectuelles du combattant à passer d'un statut de défenseur à celui d'attaquant ou inversement, sans perdre le contrôle de ses actions. Cette capacité sera d'autant plus prégnante que :
    • le pratiquant en défénse aura surmonté ses craintes et restera intellectuellement disponible afin de décider du moment le plus opportun pour changer de statut (en vue du contre par exemple)
    • alors que l'enchaînement d'attaques devra par son rythme et son tempo, saturer au maximum les afférences sensorielles du défenseur, au point de ne pas lui permettre d'organiser dans un 1er temps une défense efficace voir au delà, une contre attaque.

En conclusion, la gestion affective de l'opposition est un élément contribuant à la mise en oeuvre des enchaînements d'attaques et de défenses.

  • L'enchaînement défensif idéal est le Go No Sen.
  • Les assauts conventionnels sont des outils de qui visent à reduire les enchaînements au GO NO SEN et SEN NO SEN.
  • La stabilité en Karaté

     

    Qu'est ce que la stabilité?

    Définition : Caractéristique d'un système en état d'équilibre stable (cf/dico).

    La stabilité s'oppose en conséquence à l'instabilté : Caractéristique d'un système en état d'équilibre instable (CQFD). Ce thème admet l'idée selon laquelle la stabilité est une problématique fondamentale dans la pratique des sports de combat et arts martiaux. Elle fait appel à la notion d'équilibre.

    La notion de stabilité en karaté sous entend intuitivement la gestion des principes d'action mécaniques propres aux maintient d'un équilibre stable lors de la réalisation de techniques.

    Si le corps est constitué d'un ensemble d'éléments mobiles et dépendants (articulations) pouvant se déformer volontairement ou pas, l'acception biomécanique n'est pas le seul domaine d'étude de la gestion de l'équilibre.

    Etude biomécanique : On considère qu'un corps est en équilibre à partir du moment où il ne tombe pas - Il sera d'autant plus stable que les forces nécéssaire à le déséquilibrer seront importantes.

    Etre en équilibre c'est satisfaire la loi physique suivante : "La projection orthogonale (perpendiculaire) et verticale du centre de gravité se situe dans le polygone de sustentation (Surface décrite par les points appuis)".

    La stabilité sera d'autant plus grande que :

    1. la projection orthogonale (perpendiculaire et verticale) du centre de gravité se situera au centre du polygone de sustentation.
    2. Le centre de gravité (point de convergeance de toutes les masses) sera proche du polygone ("moment des forces" plus faible).
    3. Le polygone sera grand et stable (rigide)

    Etude des positions en karaté :

    L'exemple de la position Zenkutsu dachi entre autre, met en évidence le principe de recherche de stabilité, par :

    • l'augmentation de la surface d'appui au sol (polygone de sustentation)
      • Les pieds s'écartent, le polygone augmente.
    • le placement du coprs (droit) situe le centre de gravité du corps à l'aplomb et le plus au centre possible du polygone de sustentation.
    • la réduction de la distance qui sépare le centre de gravité du sol (flexion de la jambe avant).

    Ces 3 éléments sont la résultante d'une recherche de stabilité. Mais toutes les positions en karaté ne peuvent pas répondre de façon optimales à ces exigences, du fait de la valeur tactique des techniques. La recherche de mobilité imposera une mise en déséquilibre rapide par exemple. Le déplacement participe à l'optimisation des effets de la technique (prise d'élan).

    La gestion du couple de force : Action-Réaction

    A partir du moment où les forces en présence s'annulent, le système est stable (en équilibre). Il sera d'autant plus stable que les forces nécessaires pour le déséquilibrer devront être importantes.

    Ce couple de force ACTION-REACTION explique la nature même de la mécanique des techniques en karaté.

    • Figure 1 : A partir du moment ou le coprs est rigide la force de réaction à l'impact a lieu au niveau du sol sur le pied arrière (flèche rouge).
    • Figure 2 : Le corps est un ensemble d'éléments rigides (les os) mobiles les uns par rapports aux autres (articulations). Si la cohésion de l'ensemble n'est pas maintenu au moment de l'impact par l'alignement mécanique des os (ex : fémur-tibia aligné) et le verrouillage des articulation par la tension musculaire (chaînes cinétiques), la force de réaction va se produire en partie, ailleurs que dans le sol.
    • Le conséquence est simple : Le coprs se déforme, le centre de gravité se déplace et peut sortir du polygone de sustentation : c'est le déséquilibre (Figure 3).

    Par l'exécution d'une technique dans le vide, le pratiquant ne vit pas l'expérience de l'action réaction.

     

    Biomécaniquement parlant l'équilibre est la finalité du contrôle postural. La posture est la position de l'ensemble des segments corporels à un moment donné. Le système vestibulaire assure la stabilité de la posture et la stabilisation de la perception visuelle.

    Etude biologique

    Les "capteurs" détecteurs de la position sont : la vision, le labyrinthe (oreille), les récepteurs proprioceptifs musculaires, articulaires et la plante des pieds (notamment la pression cutanée plantaire exercée par le poids du corps ). L'ensemble permet la connaissance du schéma corporel postural : perception de la géométrie du corps , dynamique des différents segments , dynamique des points d'appui.

    Les réactions posturales pour le contrôle de l'équilibre ont un but essentiel :

    • Maintenir le centre de gravité à l'intérieur du polygone de sustentation.

    Remarque : Le centre de gravité en position debout, est TOUJOURS 6 à 8 cm en avant de l'axe des chevilles sur une surface très restreinte (polygone de sustentation), inférieure à 2 cm de diamètre lorsque les pieds sont joints . Le corps est donc naturellement légèrement penché en avant .

    "Les synergies motrices sont toutes précédées de légers mouvements d'anticipation qui permettent en fait à la posture d'être réorganisée à l'avance" . (cf/A.Bertoz "Le sens du mouvement")

    La création d'automatismes d'actions dynamiques en karaté est souvent mise en arrière plan au profit de l'étude de la stabilité des positions en situation statique. L'anticipation des postures à venir sont des composans intrinséques à la technique en générale.

    En d'autres termes, ce n'est plus seulement d'équilibre dont on parle, cad des caractéristiques posturales de l'état final d'une technique mais d'équilibration : Ensemble des phénomènes physiques qui interviennent dans un déplacement par exemple - Le corps passe par des phases d'équilibre certes mais aussi par des phases de déséquilibre gérés et anticipés au point ou la résultante globale admet que le système est stable (pas de chute par exemple) - La nature dynamique de la motricité spécifique en karaté (et dans les autres activités aussi) n'est pas seulement le résultat d'une observation et d'une interprétation des équilibres statique (à l'arrêt) : le déséquilibre a une valeur pédagogique d'aide à l'éducation et au développement de l'équilibre.

    Perfectionnement de la stabilité

    Tous les domaines de refléxion décrits au dessus peuvent être sujet à éducation ou perfectionnement. En résumé, le principe de stabilité en terme de gestion des positions peut s'exercer à travers :

    Les aspects bio-informationnel :

    • developpement du schéma corporel (perception motrice)
      • géométrie posturale intuitive (connaissance du corps propre)
      • représentation spatiale
      • stratégie de repérage
    • perception proprioceptives
      • Optimisation de l'état de tension musculaire (Psychomotricité)--> recepteur tendineux

    Les aspects affectifs :

    • rôle des émotions dans la gestion de l'équilibre
      • Le stress
    • la fatigue physique et intellectuelle
      • Baisse de vigilance
      • perception motrice erronée ---> entorses

    Les aspects biomécaniques :

    • Connaissance des aspects mécaniques des techniques
    • Le renforcement musculaire (résistance des chaînes cinétiques)
    • La gestion du principe d'action-réaction (gestion de l'impact)
    • La gestion du déséquilibre (dynamique des déplacements- équilibration - rythme, vitesse..)

      • etc..

    Comme vous l'avez certainement remarqueré, lorsque l'on entend parler de stabilité en karaté, tout le monde s'applique à ne mettre en évidence que les aspects purement biomécaniques des techniques. De plus la capacité de maintient de l'équilibre et donc d'être stable à travers une position dépend beaucoup du dégré de developpement psychomoteur du pratiquant. Vous aurez beau faire admettre à un groupe d'élève l'utilité de fléchir la jambe avant pour être bas et donc stable, si la moitié du groupe a mal au dos au bout de 6 mois, peut-être aurait-il fallut travailler la stabilité autrement?

    En conséquence, pour perfectionner la stabilité dans le domaine du karaté, il ne suffit pas seulement de traiter le sujet sur le plan biomécaniques mais en explorant aussi les autres domaines : bio-informationnellle et affective.

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